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jeudi 15 septembre 2011

Sarkozy à Benghazi : "Nous croyons dans une Libye unie, pas divisée"

Sarkozy à Benghazi : "Nous croyons dans une Libye unie, pas divisée"


Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé, jeudi, que le dirigeant libyen déchu Muammar Kadhafi, en fuite depuis le 23 août, était "un danger" et qu'il y avait donc "un travail à terminer", le Premier ministre britannique David Cameron promettant d'aider à sa traque. Les deux dirigeants ont fait ces déclarations lors d'une visite-éclair en Libye, sept mois après le début de la rébellion - que leurs deux pays ont soutenue - contre le régime de Muammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Qualifiée d'"historique" par des responsables français, cette visite est la première de dirigeants étrangers en Libye depuis la prise de la capitale le 23 août par les troupes du Conseil national de transition (CNT) libyen.
Après leur visite à Tripoli, Nicolas Sarkozy et David Cameron se sont rendus à Benghazi, qui a servi de "capitale" au CNT pendant plusieurs mois, et y ont été accueillis par une foule en liesse. "Kadhafi est un danger, il y a un travail à terminer" en Libye, a affirmé Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse commune à Tripoli avec David Cameron et les deux principaux dirigeants du CNT, Muustapha Abdel Jalil et Mahmoud Jibril. "L'engagement" de l'Otan en Libye "n'est pas terminé", a ajouté le chef de l'État français.
"Finir le travail" (Cameron)
De son côté, le Premier ministre britannique a promis d'aider à retrouver le dirigeant libyen déchu : "Nous devons poursuivre la mission de l'Otan jusqu'à ce que tous les civils soient protégés et jusqu'à ce que notre travail soit terminé." "Nous vous aiderons à trouver Kadhafi et à le présenter devant la justice", a-t-il ajouté. David Cameron a expliqué que l'Otan, qui a pris le 31 mars la tête des opérations militaires en Libye, poursuivrait sa mission tant que des villes ou des régions libyennes, notamment Syrte et plusieurs oasis du Sahara, resteront sous contrôle des pro-Kadhafi.
"Nous continuerons la mission de l'Otan aussi longtemps que cela sera nécessaire sous le mandat de la résolution 1973 des Nations unies pour protéger les civils", a-t-il expliqué. "Ce travail n'est pas encore fini. Il y a encore des parties de la Libye sous le contrôle de Kadhafi", a-t-il rappelé. "Ceux qui pensent encore que Kadhafi a une place au gouvernement ou dans le pays doivent se défaire de cette idée. Il n'en a aucune. Il est temps pour lui de se rendre." Les troupes du CNT se sont rapprochées jeudi de Syrte (370 kilomètres à l'est de Tripoli, 600 kilomètres à l'ouest de Benghazi), et des combats ont eu lieu avec celles restées loyales au colonel Kadhafi.
"Vive Sarkozy ! " (Libyens)
Nicolas Sarkozy a demandé qu'il n'y ait ni "vengeance" ni "règlements de comptes" en Libye et a appelé les pays ayant sur leur sol des Libyens recherchés à les livrer à la justice internationale. "Nous avons dit également au CNT que c'est aux Libyens de construire l'avenir, c'est pas à nous, c'est aux Libyens de choisir leurs dirigeants", a encore dit le chef de l'État français. Il a aussi souhaité que le CNT conserve son "unité", "le bien le plus précieux pour eux", et que "cette unité permette la période de transition, les prochaines élections et la prochaine Constitution". Nicolas Sarkozy et David Cameron ont visité pendant environ une heure un hôpital de la capitale libyenne où ils ont été accueillis dans la liesse et où ils ont parlé avec des blessés.
Comme on lui demandait si les slogans enthousiastes entendus sur son parcours ("one, two, three, viva Sarkozy !") lui faisaient plaisir, Nicolas Sarkozy a répondu : "Ce n'est pas une question de plaisir, c'est extrêmement émouvant de voir les jeunes Arabes se tourner vers deux grands pays d'Occident pour leur dire merci. Ce qui prouve que l'affrontement entre l'Occident et l'Orient n'est pas du tout une fatalité." Les deux dirigeants se sont ensuite rendus à Benghazi, d'où était partie la révolte contre Kadhafi à la mi-février.
Drapeaux français
Les deux dirigeants ont pris un bain de foule au milieu de centaines de Libyens agitant des drapeaux français et britanniques et faisant le V de la victoire. Nicolas Sarkozy a assuré croire dans une "Libye unie, pas dans une Libye divisée", tandis que David Cameron a jugé "extraordinaire de se retrouver dans Benghazi libéré, dans une Libye libre". "Vous avez voulu la paix, vous avez voulu la liberté, vous voulez le progrès économique, la France, la Grande-Bretagne et l'Europe seront aux côtés du peuple libyen", a affirmé le président français.
Sur le plan économique, un porte-parole de David Cameron a affirmé que la Grande-Bretagne allait débloquer "environ 600 millions de livres (688 millions d'euros) d'avoirs libyens qui étaient gelés par les résolutions des Nations unies". Quelque 12 milliards de livres (près de 14 milliards d'euros) en liquide et d'autres actifs (immobiliers, etc.) détenus par le régime du colonel Kadhafi avaient été gelés au Royaume-Uni en février à la suite de résolutions. Entre-temps, la Russie a annoncé vouloir que le Conseil de sécurité de l'ONU mette fin à la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye.
"Terrorisme de l'Otan" (Kadhafi)
Moscou, qui avait permis la mise en place de la zone d'exclusion en s'abstenant lors du vote en mars à l'ONU, a depuis vivement critiqué les forces occidentales, estimant qu'elles outrepassaient largement le mandat accordé par les Nations unies. Sur le terrain, les troupes pro-CNT ont essuyé des tirs nourris sur le route de Syrte où des centaines de pick-up surmontés d'armes lourdes se préparaient pour lancer une offensive sur ce bastion pro-Kadhafi d'où est originaire le dirigeant déchu. Dans son dernier message mercredi soir, le colonel Kadhafi a accusé l'Otan de "terrorisme et de destructions indescriptibles à Syrte", selon la chaîne Arraï basée en Syrie qui diffuse régulièrement ses messages.
Son porte-parole Moussa Ibrahim a, lui, accusé sur la même chaîne les combattants du CNT d'"affamer des régions entières pour les obliger à se rendre", en allusion aux bastions pro-Kadhafi, citant en particulier Syrte et Bani Walid.

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