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jeudi 15 septembre 2011

Sarkozy à Benghazi : "Nous croyons dans une Libye unie, pas divisée"

Sarkozy à Benghazi : "Nous croyons dans une Libye unie, pas divisée"


Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé, jeudi, que le dirigeant libyen déchu Muammar Kadhafi, en fuite depuis le 23 août, était "un danger" et qu'il y avait donc "un travail à terminer", le Premier ministre britannique David Cameron promettant d'aider à sa traque. Les deux dirigeants ont fait ces déclarations lors d'une visite-éclair en Libye, sept mois après le début de la rébellion - que leurs deux pays ont soutenue - contre le régime de Muammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Qualifiée d'"historique" par des responsables français, cette visite est la première de dirigeants étrangers en Libye depuis la prise de la capitale le 23 août par les troupes du Conseil national de transition (CNT) libyen.
Après leur visite à Tripoli, Nicolas Sarkozy et David Cameron se sont rendus à Benghazi, qui a servi de "capitale" au CNT pendant plusieurs mois, et y ont été accueillis par une foule en liesse. "Kadhafi est un danger, il y a un travail à terminer" en Libye, a affirmé Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse commune à Tripoli avec David Cameron et les deux principaux dirigeants du CNT, Muustapha Abdel Jalil et Mahmoud Jibril. "L'engagement" de l'Otan en Libye "n'est pas terminé", a ajouté le chef de l'État français.
"Finir le travail" (Cameron)
De son côté, le Premier ministre britannique a promis d'aider à retrouver le dirigeant libyen déchu : "Nous devons poursuivre la mission de l'Otan jusqu'à ce que tous les civils soient protégés et jusqu'à ce que notre travail soit terminé." "Nous vous aiderons à trouver Kadhafi et à le présenter devant la justice", a-t-il ajouté. David Cameron a expliqué que l'Otan, qui a pris le 31 mars la tête des opérations militaires en Libye, poursuivrait sa mission tant que des villes ou des régions libyennes, notamment Syrte et plusieurs oasis du Sahara, resteront sous contrôle des pro-Kadhafi.
"Nous continuerons la mission de l'Otan aussi longtemps que cela sera nécessaire sous le mandat de la résolution 1973 des Nations unies pour protéger les civils", a-t-il expliqué. "Ce travail n'est pas encore fini. Il y a encore des parties de la Libye sous le contrôle de Kadhafi", a-t-il rappelé. "Ceux qui pensent encore que Kadhafi a une place au gouvernement ou dans le pays doivent se défaire de cette idée. Il n'en a aucune. Il est temps pour lui de se rendre." Les troupes du CNT se sont rapprochées jeudi de Syrte (370 kilomètres à l'est de Tripoli, 600 kilomètres à l'ouest de Benghazi), et des combats ont eu lieu avec celles restées loyales au colonel Kadhafi.
"Vive Sarkozy ! " (Libyens)
Nicolas Sarkozy a demandé qu'il n'y ait ni "vengeance" ni "règlements de comptes" en Libye et a appelé les pays ayant sur leur sol des Libyens recherchés à les livrer à la justice internationale. "Nous avons dit également au CNT que c'est aux Libyens de construire l'avenir, c'est pas à nous, c'est aux Libyens de choisir leurs dirigeants", a encore dit le chef de l'État français. Il a aussi souhaité que le CNT conserve son "unité", "le bien le plus précieux pour eux", et que "cette unité permette la période de transition, les prochaines élections et la prochaine Constitution". Nicolas Sarkozy et David Cameron ont visité pendant environ une heure un hôpital de la capitale libyenne où ils ont été accueillis dans la liesse et où ils ont parlé avec des blessés.
Comme on lui demandait si les slogans enthousiastes entendus sur son parcours ("one, two, three, viva Sarkozy !") lui faisaient plaisir, Nicolas Sarkozy a répondu : "Ce n'est pas une question de plaisir, c'est extrêmement émouvant de voir les jeunes Arabes se tourner vers deux grands pays d'Occident pour leur dire merci. Ce qui prouve que l'affrontement entre l'Occident et l'Orient n'est pas du tout une fatalité." Les deux dirigeants se sont ensuite rendus à Benghazi, d'où était partie la révolte contre Kadhafi à la mi-février.
Drapeaux français
Les deux dirigeants ont pris un bain de foule au milieu de centaines de Libyens agitant des drapeaux français et britanniques et faisant le V de la victoire. Nicolas Sarkozy a assuré croire dans une "Libye unie, pas dans une Libye divisée", tandis que David Cameron a jugé "extraordinaire de se retrouver dans Benghazi libéré, dans une Libye libre". "Vous avez voulu la paix, vous avez voulu la liberté, vous voulez le progrès économique, la France, la Grande-Bretagne et l'Europe seront aux côtés du peuple libyen", a affirmé le président français.
Sur le plan économique, un porte-parole de David Cameron a affirmé que la Grande-Bretagne allait débloquer "environ 600 millions de livres (688 millions d'euros) d'avoirs libyens qui étaient gelés par les résolutions des Nations unies". Quelque 12 milliards de livres (près de 14 milliards d'euros) en liquide et d'autres actifs (immobiliers, etc.) détenus par le régime du colonel Kadhafi avaient été gelés au Royaume-Uni en février à la suite de résolutions. Entre-temps, la Russie a annoncé vouloir que le Conseil de sécurité de l'ONU mette fin à la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye.
"Terrorisme de l'Otan" (Kadhafi)
Moscou, qui avait permis la mise en place de la zone d'exclusion en s'abstenant lors du vote en mars à l'ONU, a depuis vivement critiqué les forces occidentales, estimant qu'elles outrepassaient largement le mandat accordé par les Nations unies. Sur le terrain, les troupes pro-CNT ont essuyé des tirs nourris sur le route de Syrte où des centaines de pick-up surmontés d'armes lourdes se préparaient pour lancer une offensive sur ce bastion pro-Kadhafi d'où est originaire le dirigeant déchu. Dans son dernier message mercredi soir, le colonel Kadhafi a accusé l'Otan de "terrorisme et de destructions indescriptibles à Syrte", selon la chaîne Arraï basée en Syrie qui diffuse régulièrement ses messages.
Son porte-parole Moussa Ibrahim a, lui, accusé sur la même chaîne les combattants du CNT d'"affamer des régions entières pour les obliger à se rendre", en allusion aux bastions pro-Kadhafi, citant en particulier Syrte et Bani Walid.

France 2 : dans les coulisses du débat de la primaire socialiste

France 2 : dans les coulisses du débat de la primaire socialiste


"L'organisation du débat des primaires socialistes s'est plutôt passée dans une bonne ambiance de travail", indique David Pujadas, qui présentera jeudi soir le premier des trois débats télévisés entre les six candidats à l'investiture présidentielle pour le PS. Le journaliste n'a pas eu de contact direct avec les protagonistes. Harlem Désir, le numéro un du PS par intérim, a négocié la répartition et le découpage de la prise de parole de manière équitable. Il se serait montré "assez cash" et plutôt un agent facilitateur pour France 2. Chacun des candidats a veillé à ce que les photos présentées pendant l'émission ne lui soient pas trop désagréables.
Les six prétendants disposeront, au début de l'émission, d'une minute chacun. "Ils seront libres de parler face à la caméra ou non", précise David Pujadas. Puis, un petit sujet d'une minute présentera le processus de la primaire. Le tirage au sort a été de mise à toutes les étapes de l'organisation. Le hasard a été assez favorable à Martine Aubry, qui entamera l'émission suivie d'Arnaud Montebourg, Jean-Michel Baylet, Ségolène Royal, Manuel Valls et François Hollande. Les places sur le plateau de la Plaine Saint-Denis ont également fait l'objet d'un tirage au sort : Martine Aubry et François Hollande obtiennent les deux places au centre de l'écran...
Le Pen chez TF1
Les temps de parole s'afficheront à l'écran, si bien que David Pujadas, Fabien Namias et Françoise Fressoz (journaliste auMonde), les trois intervieweurs, devront rendre l'antenne au bout de deux heures sans qu'aucun des candidats ne soit lésé. Enfin, les prétendants disposeront d'un certain temps pour conclure. Martine Aubry, décidément bien servie par la chance, aura le dernier mot de ce spécial Des paroles et des actes. Aucun journaliste externe n'a été accrédité pour assister à l'émission en coulisses.
Sur TF1, Laurence Ferrari recevra Marine Le Pen dans Parole Direct, à 20 h 15, l'une des personnalités politiques qui génèrent le plus d'audience. Et la première chaîne n'a pas lésiné sur la pub pour le faire savoir ! Cette interview a toutefois été programmée il y a trois semaines, avant même que l'on sache que France 2 accueillerait le premier débat des primaires socialistes.

mercredi 14 septembre 2011

Crise de la dette - Autopsie d'une crise qui peut achever la zone euro


Crise de la dette - Autopsie d'une crise qui peut achever la zone euro
La Grèce peut-elle faire faillite ?
C'est la question qui fait trembler les marchés. Ce scénario s'est renforcé après que les inspecteurs de la troïka (Commission européenne, Banque centrale, FMI) ont interrompu précipitamment leur mission d'évaluation à Athènes au début du mois de septembre. Le gouvernement socialiste de Georges Papandréou ne remplit pas les objectifs de réduction des déficits qu'il s'était fixés pour 2011, au point que le bureau du Budget de l'État, un organisme chargé d'informer le Parlement grec, a jugé la dette (qui devrait dépasser 160 % du PIB à la fin de l'année) "hors de contrôle". De quoi faire réfléchir à deux fois l'Union européenne et le FMI avant le versement de la sixième tranche - 8 milliards d'euros - du premier plan de sauvetage mis sur pied en mai 2010. Sans cet argent, Athènes pourrait rapidement se déclarer en défaut de paiement.
Et même si cette aide devait être débloquée, la Grèce pourrait finir étranglée par le poids de sa dette. Car, au lieu d'améliorer la situation, l'austérité ne fait qu'aggraver la chute du PIB. Les rentrées fiscales, déjà plombées par la fraude, ne cessent de chuter. Selon de nombreux économistes, la seule solution pour redonner de l'oxygène au pays serait de restructurer la dette plus énergiquement que ne le prévoit le plan européen du 21 juillet dernier. La perte infligée aux investisseurs privés (aux banques principalement) se limite pour l'instant à 21 % de la valeur de leurs obligations. C'est sans doute encore insuffisant pour casser l'effet "boule de neige de la dette".
La Grèce peut-elle sortir de la zone euro ?
Le tabou a été brisé par les Pays-Bas. Le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, l'a signifié sans ménagement jeudi dernier : "Si un pays ne souhaite pas satisfaire aux exigences [de la zone euro], alors, il n'y a pas d'autre option que de la quitter." La Commission européenne a aussitôt répliqué qu'"aucune sortie ou expulsion de la zone euro n'est possible d'après le traité de Lisbonne. La participation à la zone euro est irrévocable." Mais on voit mal comment l'Union européenne pourrait s'opposer à un pays qui voudrait sortir unilatéralement de la monnaie unique.
Quelles seraient les conséquences d'une sortie de la zone euro pour la Grèce ?
Les effets bénéfiques d'une dévaluation monétaire liée au retour à la drachme pourraient être compensés par l'explosion du poids de la dette libellée en euros. Athènes ne pourrait plus rembourser et se retrouverait de fait exclue des marchés financiers et contrainte à monétiser sa dette. Avec le risque d'une inflation forte et durable.
Les banques européennes courent-elles un risque ?
Un défaut de paiement de la Grèce n'est pas un événement suffisant pour provoquer l'effondrement des banques, car leur exposition est assez limitée. Mais le Crédit agricole et la Société générale pourraient aussi avoir à subir des pertes de leur filiale hellène respective Emporiki et Geniki, fortement dépendantes de la performance économique du pays.
La situation pourrait encore se corser en cas de contagion. Les marchés seraient tentés de vendre leurs obligations portugaises, irlandaises, et même espagnoles et italiennes, ce qui pourrait déclencher d'autres défauts en cascade, dans une prophétie autoréalisatrice : plus les investisseurs vendent leurs obligations souveraines, plus ils rendent la dette souveraine insoutenable.
Existe-t-il un risque pour les économies des particuliers ?
A priori non. L'État garantit les dépôts des épargnants dans la limite de 100 000 euros par établissement. Mais cela ne veut pas dire qu'une banque ne peut pas faire faillite, comme en témoigne le dépôt de bilan, en 2008, de Lehman Brothers, la banque d'affaires américaine qui a menacé de faire s'effondrer le système financier des pays occidentaux. 
Mais les autorités ont retenu la leçon. Beaucoup de banques sont maintenant considérées comme "too big to fail". En cas de panique des épargnants français qui chercheraient à récupérer leur argent, l'État pourrait ramener la confiance en apportant sa garantie ou en renflouant directement l'établissement concerné. Au cas où celui-ci ne pourrait plus se financer sur les marchés, l'État pourrait aussi apporter sa garantie, ce qui suffit le plus souvent à ramener l'argent.
L'économie risque-t-elle de ne plus être financée ? 
Sous-capitalisées, les banques devraient alors couper leurs crédits à l'économie. Les PME seraient les premières touchées. C'est bien ce que craint la directrice générale du FMI. Christine Lagarde a appelé plusieurs fois à recapitaliser les banques européennes : "Nous voyons cela comme une menace pour la croissance. Les économies ont besoin de croissance. Pour qu'il y ait croissance, il faut des crédits", a-t-elle déclaré, mardi, dans une interview au Wall Street Journal.
Faut-il nationaliser les banques ?
Le débat est lancé en France. Certains pensent que l'État devrait profiter de la baisse du cours des banques pour se les offrir. Cela permettrait d'éviter qu'elles ne passent sous contrôle étranger. Mais cela alourdirait du même coup la dette de l'État. Pas sûr qu'il en ait les moyens, alors que la note AAA de la France est sous étroite surveillance des marchés. D'autant que rien ne dit que l'État est un bon gestionnaire d'établissement financier. Michel Sapin, ancien ministre de l'Économie socialiste et soutien de François Hollande, n'y est pas favorable. "Cela veut dire : puisque les banques perdent ou risquent de perdre de l'argent, alors on va nationaliser. C'est typiquement la nationalisation des pertes et, quand ça va bien, la privatisation des profits", a-t-il raillé sur Europe 1. En revanche, le candidat socialiste à la primaire ainsi que Martine Aubry plaident pour une prise de participation de l'État au capital des institutions financières. Ségolène Royal veut carrément leur "interdire de spéculer".
Les pays émergents peuvent-ils sauver l'Europe ?
Les grands pays émergents du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui accumulent des réserves de change grâce à leurs exportations, discuteront la semaine prochaine de la possibilité de venir en aide à l'Union européenne, selon le ministre brésilien des Finances Guido Mantega. La piste est suffisamment intéressante pour que Christine Lagarde les appelle à aller au bout de leur projet. Mais les rachats d'obligations pourraient se limiter aux pays jugés les plus solides, comme l'Allemagne ou la Grande-Bretagne.
Vers des euro-obligations ?
Selon le correspondant de Libération à Bruxelles, Jean Quatremer, la chancelière Angela Merkel a expliqué qu'elle était prête à accepter la création d'obligations européennes au cours d'une réunion à huis clos avec les dirigeants de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU). Il s'agirait d'un retournement complet de situation. Jusqu'à présent, Berlin refusait la solution qui consiste à mutualiser la dette européenne. Un saut fédéral qui consisterait concrètement à ce que l'Allemagne - et, dans une moindre mesure, les autres pays encore notés AAA, dont la France - garantisse les dettes des partenaires européens du Sud. Le risque encouru par les banques allemandes dans ces pays pourrait être un argument-choc pour vendre un projet auquel l'opinion publique allemande est pour l'heure majoritairement hostile.

Crise financière - La Bourse de Paris rebondit

Crise financière - La Bourse de Paris rebondit


La Bourse de Paris reprenait quelques couleurs mercredi matin après avoir ouvert en baisse de 1,38 % mercredi, plombée après la dégradation des notes de la Société générale et du Crédit agricolepar l'agence Moody's et dans un climat d'angoisse persistante sur la crise de la dette grecque. À 13 h 15, le CAC 40 prenait 1,90 % à 2 949,98 points. Société générale abandonne 3,07 %, Crédit agricole prend 2,70 % et BNP Paribas, qui a tenté de rassurer sur sa solidité financière avant l'ouverture, chute de 2,68 %. 
Ailleurs en Europe, la tendance est la même. Vers 13 h 15, l'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort grimpe de 2,39 %. La Bourse de Londres rebondit de 1,49 %. La veille, à Wall Street, le Dow Jones avait gagné 0,40 % et le Nasdaq 1,49 %.
Téléconférence
"C'est une séance de tous les dangers qui s'ouvre. L'actualité sur les banques est particulièrement riche et le marché va prétexter la moindre étincelle pour dégringoler à nouveau", a commenté un analyste parisien sous le couvert de l'anonymat. L'agence d'évaluation financière Moody's Investor Services a abaissé d'un cran la note de la Société générale et du Crédit agricole, respectivement de "Aa2" à "Aa3" et de "Aa1" à "Aa2". L'agence justifie sa décision pour la banque verte par son exposition à la Grèce, tandis que, pour Société générale, la révision tient à la réévaluation de l'aide que pourraient fournir les pouvoirs publics en cas de crise grave. La note de BNP Paribas reste inchangée, mais Moody's prolonge sa surveillance négative.
BNP Paribas - qui a vu son cours tanguer mardi et a demandé à l'Autorité des marchés financiers (AMF) d'ouvrir une enquête - a tenté de rassurer avant l'ouverture. La première banque française a annoncé des mesures pour réduire la taille de son bilan dans certaines activités ainsi que ses besoins de liquidités en dollars. Elle a aussi revu à la hausse son objectif de ratio de fonds propres et minimisé son exposition à la Grèce. Les évolutions sur le dossier grec seront particulièrement suivies avec la tenue d'une téléconférence réunissant la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre grec Georges Papandréou et Nicolas Sarkozy.

Moody's dégrade la note du Crédit agricole et de la Société générale

Moody's dégrade la note du Crédit agricole et de la Société générale


L'agence d'évaluation financière Moody's a abaissé d'un cran la note des banques Société générale et Crédit agricole mais n'a pas touché à celle de BNP Paribas, selon un communiqué publié mercredi, confirmant une rumeur qui circulait depuis dimanche.
Dans le cas de Crédit agricole SA, dont la note passe de "Aa1" à "Aa2", la décision est liée à l'exposition à la Grèce, tandis que dans celui de Société générale, dont la note est rétrogradée de "Aa2" à "Aa3", la révision tient à la réévaluation de l'aide que pourraient fournir les pouvoirs publics en cas de crise grave. En revanche, elle a maintenu la note de BNP Paribas, qui est toutefois toujours placée "sous surveillance négative", ce qui signifie qu'elle n'est pas à l'abri d'une dégradation.
L'agence avait annoncé mi-juin qu'elle pourrait abaisser la note de ces trois banques du fait de leur exposition à la Grèce. Dans le cas du Crédit agricole, Moody's juge que si le groupe affiche des ressources en fonds propres "considérables" pour absorber des pertes potentielles liées à la Grèce, son exposition elle-même "est trop importante pour correspondre aux notes actuelles" de la banque.

Téléconférence cruciale sur la Grèce entre Papandréou, Sarkozy et Merkel


 Téléconférence cruciale sur la Grèce entre Papandréou, Sarkozy et Merkel


Une téléconférence doit avoir lieu mercredi "à environ 19 heures locales" (18 heures à Paris) entre le Premier ministre grec Georges Papandréou, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel au sujet de la Grèce, selon un communiqué des services de Papandréou. Trois heures avant la téléconférence, "une réunion ministérielle sous l'égide de Georges Papandréou aura lieu à 16 heures locales (15 heures à Paris) au sujet du suivi du plan à moyen terme (2012-2015) de l'assainissement de l'économie grecque", a ajouté le communiqué.
La téléconférence, sur fond de nouvelles inquiétudes sur la situation financière de la Grèce, a été décidée "en vue de la réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro" prévue en fin de semaine à Wroclaw (Pologne), a indiqué à l'AFP une source gouvernementale mardi après-midi. En préalable, Georges Papandréou s'est entretenu mardi avec le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos, le président de l'Organisme de la gestion de la dette publique (Pdma) Pétros Christodoulou et le président ainsi que le directeur général de la Banque nationale de Grèce (BNG) Vassilis Rapanos et Apostolos Tamvakakis respectivement, selon l'Agence de presse grecque (Ana, semi-officielle). Ont également participé à cette réunion le ministre adjoint des Finances Philippos Sahinidis et le président d'experts du conseil économique Pavlos Zanias, selon la même source.
Craintes grandissantes
L'annonce de la téléconférence de mercredi intervient alors que la France et l'Allemagne ont bien du mal à endiguer une crise multiforme qui s'amplifie sur les marchés, avec notamment des craintes ou des rumeurs ouvertement exprimées de banqueroute de la Grèce. Après avoir mis le feu aux poudres lundi en évoquant l'éventualité d'un défaut de paiement d'Athènes, l'Allemagne a essayé de calmer le jeu mardi en soulignant, par la voix de la chancelière Angela Merkel, que tout était fait pour empêcher une faillite de la Grèce. Le pays, sous perfusion de l'UE, de la BCE et du FMI, tente de boucler dans la hâte son projet de budget 2012 en intégrant de nouvelles mesures d'austérité et de réformes structurelles pour freiner l'escalade de son déficit budgétaire et tenter de sécuriser le versement d'une nouvelle tranche d'aide du prêt de 110 milliards d'euros consenti en mai 2010 par la zone euro et le FMI.

Clearstream : la relaxe de Villepin confirmée en appel

Clearstream : la relaxe de Villepin confirmée en appel


La cour d'appel de Paris a relaxé Dominique de Villepin mercredi dans l'affaire Clearstream. Le parquet général avait requis quinze mois de prison avec sursis à l'encontre de l'ancien Premier ministre, qui avait été relaxé en correctionnelle. Poursuivi pour "complicité par abstention" dans cette affaire de dénonciation calomnieuse, il lui était reproché d'avoir laissé prospérer le dossier des listings truqués de Clearstream, la chambre de compensation luxembourgeoise, communément appelée la banque des banques, dans lequel était apparu le nom de Nicolas Sarkozy. Ce dernier, qui figurait parmi les plaignants en première instance, avait retiré sa constitution de partie civile en appel afin de ne pas avoir l'air de s'acharner contre Dominique de Villepin.
À sa sortie de la cour d'appel, Dominique de Villepin a déclaré : "Après six ans d'un acharnement sans précédent, après six ans d'épreuves pour ma famille, la justice a reconnu pour la deuxième fois mon innocence. Je veux saluer l'indépendance de notre justice qui a su résister face aux pressions politiques." 
"La justice a su résister aux pressions politiques"
Calme et posé, l'ancien Premier ministre, visé ce week-end par les déclarations de l'avocat Robert Bourgi, le missi dominici de Nicolas Sarkozy en Afrique, qui l'accuse sans preuves d'avoir reçu de l'argent de chefs d'État africains, a souhaité que désormais "notre pays soit moins vulnérable à la rumeur et à la calomnie, qui ne méritent que le mépris". Relevant que l'affaire Clearstream avait été "initiée" en 2005-2006 à la veille de l'élection présidentielle de 2007, il a ajouté : "Comme j'aimerais que cela puisse servir de leçon à la veille de l'élection de 2012 !" Il a conclu en disant qu'il sortait de "cette épreuve" "plus déterminé que jamais à servir les Français".
La cour a en revanche condamné pour dénonciation calomnieuse les deux autres protagonistes de l'affaire : l'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin à trois ans de prison, dont 30 mois avec sursis, et l'informaticien Imad Lahoud à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Ils sont en outre frappés tous deux d'une amende de 40 000 euros.

Scandale Mediator - Claude Griscelli : "Je n'ai eu aucun rôle dans ce rapport"

Scandale Mediator - Claude Griscelli : "Je n'ai eu aucun rôle dans ce rapport"


Nouveau rebondissement dans le dossier Mediator. Les laboratoires Servier seraient intervenus en juin pour qu'un rapport du Sénat sur le médicament minimise leur responsabilité. C'est ce que révèle mardi le Figaro.fr, qui cite des extraits d'écoutes téléphoniques versées au dossier d'instruction. Celles-ci reprennent une conversation entre le directeur opérationnel du groupe Servier, Jean-Philippe Seta, et Claude Griscelli, professeur de pédiatrie et de génétique qui fut directeur général de l'Institut national de la santé et de la recherhe médicale (Inserm) de 1996 à 2001, une semaine avant la remise du rapport sur le Mediator, dont la sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange est l'auteur. 
Présenté comme membre du Conseil d'État, Claude Griscelli aurait,selon le site qu quotidien, modifié plusieurs éléments du dossier afin d'accentuer les reproches contre l'Agence du médicament (Afssaps) et ainsi épargner au maximum son ami Jean-Philippe Seta. Dans un entretien exclusif accordé au Point.fr, Claude Griscelli revient sur ce fameux coup de téléphone passé au numéro deux du groupe Servier le 24 juin à 19 h 06. 
 Confirmez-vous les propos qui sont rapportés par le Figaro ?
Claude Griscelli : Il s'agit d'un problème d'interprétation. On pourrait croire à un conflit d'intérêt, or cela ne s'est pas du tout passé comme cela. Je connais à la fois Marie-Thérèse Hermange en raison de mon ancien poste de directeur général de l'Inserm, et Jean-Philippe Seta, qui est un vieux copain de vingt-cinq ans. C'est pour cela que l'on se tutoie. Mais j'aimerais d'abord rectifier une chose. On dit dans l'article (du Figaro, NDLR) que je suis conseiller d'État, or ce n'est pas du tout le cas. J'ai été jusqu'en 2004 membre du Conseil en service "extraordinaire". Mais je ne suis pas juriste, seulement professeur de médecine.
Quel a été votre rôle dans le rapport Servier ?
Je n'ai eu aucun rôle dans ce rapport. Connaissant mon côté scientifique, Marie-Thérèse Hermange m'a demandé un avis d'ordre scientifique sur le contenu du rapport qui était déjà totalement rédigé. J'ai vu dans cet énorme pavé des choses intéressantes, notamment sur les aspects épidémiologiques. J'en ai discuté avec elle, mais cela ne s'est pas traduit par une modification du rapport. 
Pourquoi vous demander votre avis alors que des experts ont déjà été chargés de rédiger le rapport, d'autant plus que vous étiez lié à Jean-Philippe Seta ?
Marie-Thérèse Hermange sait que j'ai une connaissance méthodologique sur ce qu'on appelle les études de grand nombre, mais elle ignore tout de mes liens avec Jean-Philippe Seta. J'ai su qu'il était, le pauvre, bien malheureux, et on peut le comprendre, même s'il a des responsabilités. Il a trois enfants, une famille. À l'heure qu'il est, il est terrassé. Je connais sa sensibilité, et je l'ai donc appelé pour lui remonter au mieux le moral. En lui disant le plus de choses possible qui puissent l'amener à trouver des raisons de s'accrocher. J'ai par exemple trouvé que dans le rapport, ils n'ont pas été extrêmement [il hésite]... mais je n'ai jamais lu le rapport. Je ne m'intéresse ni à l'obésité, ni aux diabètes, ni aux maladies cardiaques, que je ne connais pas. Je peux simplement donner un avis scientifique indépendant et libre et affirmer qu'il y a controverse.
Sur quoi ?
Madame Catherine Hill, épidémiologiste à l'institut Gustave-Roussy de Villejuif a par extrapolation, à partir d'un nombre de cas limité sur une durée de trente ans, conclu dans son étude que le Mediator a pu causer la mort de 500 à 2 000 personnes. J'ai trouvé que la fourchette était très large. On aurait dû mener une étude beaucoup plus approfondie, avec une imputabilité au cas par cas. Le professeur Jean Acar (ancien chef de service de cardiologie à l'hôpital Tenon) a d'ailleurs critiqué cela dans son rapport.
Mais vous affirmez tout de même, selon le Figaro, avoir "changé pas mal de choses" dans le rapport...
Ce sont des broutilles. Des mal-dits, des choses incompréhensibles dans ce rapport. Mais je ne l'ai pas lu, on a regardé, et effectivement c'était très mal dit. J'ai lu des petites bribes de ci de-là. J'ai dû lire quatre ou cinq pages sur les trois cents que compte le rapport, par petits bouts. J'ai proposé des modifications de style, mais rien d'important. Je n'ai aucun pouvoir de ce côté-là.
Vous expliquez aussi avoir accentué les reproches faits à l'Afssaps...
C'est autre chose. Ce n'est pas normal qu'il ait fallu attendre 30 ans, avant que la médecine en général, les autorités du médicament en particulier, et le laboratoire lui-même, se rendent compte des méfaits du médicament. C'est donc une responsabilité cumulée et donc partagée. C'est bien d'ailleurs pour cette raison qu'il y a eu beaucoup de modifications au niveau de l'Afssaps.

Enquête ouverte après les déclarations de Robert Bourgi

Enquête ouverte après les déclarations de Robert Bourgi


Le parquet de Paris a ouvert, mardi, une enquête préliminaire pour entendre l'avocat Robert Bourgi qui a accusé Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen d'avoir reçu des fonds occultes de chefs d'État africains, a-t-on appris auprès du parquet. L'enquête a été confiée à la brigade financière, a précisé une porte-parole. 
Elle a précisé que Robert Bourgi serait interrogé sur ses allégations de versements occultes au profit de l'ancien président Jacques Chirac, de 1995 à 2005, et de Dominique de Villepin, secrétaire général de l'Élysée, ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre. Le parquet devra ensuite déterminer les suites à donner à cette audition, mais cette décision ne pourra être prise par l'actuel procureur Jean-Claude Marin, qui quitte ses fonctions vendredi. Le nom de son successeur n'est pas connu.
Diffamation
Conseiller de l'ombre de l'Élysée pour les affaires africaines, l'avocat franco-libanais a assuré, dans les médias, avoir remis à l'ancien président Jacques Chirac et à son Premier ministre Dominique de Villepin 20 millions de dollars de dirigeants africains. Il a ensuite accusé Jean-Marie Le Pen d'avoir, lui aussi, reçu des fonds occultes de chefs d'État africains pour financer sa campagne présidentielle de 1988. À la suite de ses déclarations, de nombreux responsables politiques de droite et de gauche ont demandé l'ouverture d'une enquête préliminaire. Robert Bourgi s'était dit prêt à venir témoigner devant un juge. 
Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen ont tous annoncé leur intention de porter plainte pour diffamation.

Il ne s'est rien passé à Marcoule, ou presque

Il ne s'est rien passé à Marcoule, ou presque


Dire que José est mort, mais sinon tout va bien, puisque le nucléaire est sauf et la nature aussi, et on se baignera encore dans le Rhône près de Marcoule, et le Gard n'est pas le Japon. José Marin avait la cinquantaine, il vivait à Chusclan, sur les hauteurs, dans les lotissements du nouveau village, une route qui monte après une statue de la Vierge. Il était métallo, il avait travaillé chez Ugine, puis Ugine avait eu des soucis, et José était passé chez Centraco-Socodei, et c'était le même boulot. 
Fondeur, métallo, métaux en fusion, un four qui monte à 1 600 degrés ; il s'agissait de fondre des déchets "faiblement radioactifs", qui venaient de l'industrie nucléaire, mais pas seulement. José avait des inquiétudes sur les fours de son atelier, explique son beau-frère Enrique. Il l'avait dit à son père qui l'a répété à Enrique. Allons savoir. José est mort, ce n'était pas prévu. Lundi 12 septembre, le four a explosé lors de sa montée en température, et il était tout près. Il était un peu avant midi. 
L'atome, sa magie, sa grande peur
Près de lui, un jeune homme a été soufflé et brûlé, David Stampone, 27 ans, qui était récent dans la boîte. David a été amené au CHU de Montpellier, pronostic vital engagé, puis transféré le lendemain à Clamart, et chez les pompiers d'Uzès où il était volontaire, on retient son souffle : on saura peut-être vendredi. Un peu plus loin, dans l'atelier, ils étaient trois camarades qui ont eu de la chance. Ils étaient assez éloignés de l'explosion. Ils ont inhalé de la fumée. Ils ont été choqués. Ils ont vu leur collègue à terre.
On les a emmenés à l'hôpital de Bagnols-sur-Cèze, aux urgences, ils ne voulaient pas voir les journalistes, se sont demandés s'ils allaient rencontrer Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Environnement, ils voulaient décider ensemble. Ils l'ont rencontrée. On les a gardés pour la nuit, par mesure de précaution. Choqués, ils le resteront longtemps. Ils sont repartis le mardi, un peu avant midi, pratiquement 24 heures pile après l'accident.
On en est là. Un homme mort, un jeune homme à la frontière, trois hommes traumatisés qui ne savent pas s'ils sauront reprendre ce métier. En juin dernier, ils sont deux ouvriers à avoir trouvé la mort dans l'explosion d'un four dans la Loire. On en a peu parlé. Cette fois, on s'arrête, parce qu'il y a eu autre chose : l'atome, sa magie et sa grande peur, et toutes les confusions et toutes les rapidités de l'actu, comme on dit.
Centraco-Socodei est un site frère et voisin de Marcoule, un des vieux coeurs de l'atome français depuis 55 ans. Ici, il y a eu des réacteurs, qui ne tournent plus ; on y fait du retraitement ; on y fabrique du Mox ; on y brûle des déchets. Une partie du site est en voie de démantèlement. Dans la région, on attend un EPR. Même s'il ne vient pas, au rythme où ça va, il y a encore du boulot. On est dans un coin de France en perfusion atomique, dont le calme et la prospérité dépendent du nucléaire. Il y a les vignes, les vignerons, les pentes douces, la masse du Ventoux de l'autre côté du fleuve, mais l'atome d'abord. 
Routine de la catastrophe
Les villages de Marcoule, Codolet, Chusclan sont propres et trop beaux, d'un ocre immaculé, et truffés d'équipements surdimensionnés pour quelques centaines de citoyens. C'est l'atome. Qui nourrit les taxis, les cafés, les restaurants, et qui nourrit Sybille et son auberge La Petite Hutte où logent les travailleurs de passage. Mi-bourguignone, mi-guadeloupéenne, serveuse devenue patronne, deux frères et un neveu dans l'atome, autour de l'atome, dans des entreprises de construction ou de nettoyage, les clients dans l'atome, les amis aussi - l'atome nourricier auquel on ne fait pas attention. Tous les midis, sa salle est pleine des travailleurs de l'atome, et lundi midi aussi. 
Sybille : "Il était 13 heures, 13 h 30. Un client - il est important, il a une entreprise de sous-traitance - a reçu un coup de téléphone. Il m'a dit : Sybille, il vaut mieux évacuer le restaurant." Le four a sauté une heure plus tôt. Sur les sites de Marcoule, une sirène a retenti, on a rassemblé les membres du personnel, on les a confinés. C'est la procédure. La sirène atomique a été entendue à Chusclan. On ferme une école, on met du scotch sur les fenêtres. On attend. Sybille ne s'enferme pas, elle a vu une voisine dans la rue qui amenait sa fille en classe. 
Au-dehors, certains paniquent, mais d'autres travaillent encore dans les vignes. Il n'y a pas d'alerte officielle. Si elle survient, chacun le sait, il faut rester chez soi, écouter France Bleue, ne pas téléphoner, attendre. Il y a eu des répétitions, des alertes. Une routine de la catastrophe dont on pense qu'elle n'arrivera jamais. Chacun garde chez soi les pastilles d'iode salvatrices, pour le cas où. Les avaler ? On n'en est pas là. L'atome s'est-il vraiment réveillé, ou est-ce une illusion ?
Machine politique
Au loin, c'est autre chose. Les dépêches commencent à tomber, dans le faux ennui du début de semaine, qui mettent la machine en branle. Machine à médias. Machine à paroles. Machine politique. Les micros s'ouvrent. Jean-Luc Mélenchon veut sortir du nucléaire, il le redit, Martine Aubry aussi, elle vient de le dire en meeting d'ailleurs, heureuse coïncidence. Et Ségolène d'avertir, et puis les Verts, et dans l'après-midi, Nathalie Kosciusko-Morizet débarque et s'en va sur le site, et auprès des blessés, ministre de l'environnement, mais aussi des risques industriels, et avec elle, avant elle, journalistes, caméras, reporters... Nous. Nous sommes là. Mais le temps d'arriver, il est déjà trop tard. Pas de contamination. C'est officiel. C'est vérifié. Pas de catastrophe. Plus de sujet. Rien. Juste un mort. Rien ?
Le soir, chez Sybille, on est comme au bivouac après une bataille avortée. Trois envoyés spéciaux italiens la taquinent, elle va devenir une star internationale, et même des Japonais sont venus. Julien mange sa viande, il a 25 ans. C'est un enfant de l'atome. Son père travaille à Cadarache, plus au sud, et lui, licence pro en poche, fait un curieux métier : il inventorie, pièce après pièce, tous les éléments d'un site, Marcoule, appelé au démantèlement. Il croit à l'atome qui doit se prolonger. Il croit à Iter et à la fusion. Il est atterré quand il surfe sur Internet, des monceaux de bêtises. Au Japon, on a parlé de Fukushima, mais pas du gasoil en flammes. Et il préfère vivre près d'un site atomique, forcément surveillé, inspecté, contrôlé, que dans une zone industrielle classique laissée à elle-même. "Je préfère être à Marcoule qu'à Fos-sur-Mer." Il est né l'année de Tchernobyl, quand tout a basculé. "La confiance est partie à ce moment-là." Les anti-nucléaire ne le dérangent pas, "ils sont là pour renforcer la vigilance." Mais l'an prochain, fils du peuple pourtant, il ne votera pas à gauche, qui veut la fin de l'atome. 
Une dame, épouse d'un pompier du site, assure que son mari s'inquiétait de l'atelier. On suppute. La maison de José est fermée. Chez Sybille, à déjeuner, la salle est comble : "Vous ne connaissez rien à l'atome", dit gentiment un vétéran du lieu, quinze ans dans la sécurité à Marcoule, et ses copains acquiescent. Ils en ont entendu des idioties, depuis hier. On a tout mélangé, centrale et site, radiations et contamination, et on a accumulé les bêtises avant de tout ranger, et de passer à la prochaine hystérie. Mais tout de même, ce qui s'est passé ? Un homme se lève le matin, il va travailler, et un four lui explose à la figure ? "Ça, c'est grave." Sont-ils en colère ? "Pas encore. Quand on saura ce qui s'est passé, peut-être qu'on sera en colère."
À Centraco-Socodei, il y avait eu des mouvements sociaux déjà. Pour la sécurité ? "Ce n'est pas à nous de le dire. Ici, c'est comme partout, et personne, aucune entreprise, ne rend ses salariés heureux." Il y a trois enquêtes en cours, une de l'Autorité de sûreté nucléaire, une des gendarmes, une de l'Inspection du travail. La Socodei avait été avertie pour des lacunes sécuritaires. Il faudra du temps pour savoir comment José est mort, et pourquoi. À ce moment, reviendra-t-on à Codolet, pour voir s'ils seront en colère ?

mardi 13 septembre 2011

Serge Maître : "Il n'y a aucune raison de retirer son argent des banques"

Serge Maître : "Il n'y a aucune raison de retirer son argent des banques"


Faut-il retirer son argent des banques ?
Serge Maître : Il n'y a aucune raison de retirer son argent, car il n'est pas en danger... pour le moment. Il existe des protections légales : les espèces qui sont placées sur des comptes réglementés (livret A, PEL...) sont garanties à hauteur de 100 000 euros. La loi prévoit un délai de trente jours pour récupérer ses fonds. Au-delà de 100 000 euros, la question se pose : le client devient un créancier comme les autres. Et il a alors intérêt à ventiler son argent dans différentes banques, afin de minimiser les risques.
Vaut-il mieux alors privilégier certaines banques, voire en changer ?
Quitter sa banque ne s'impose pas, puisqu'une sécurité juridique existe. En changer risquerait essentiellement de compliquer la vie des usagers ! Les banques ne sont actuellement que fragilisées, et mises en difficulté par leurs activités de financement et d'investissement. Il existe cependant une banque qui ne pratique aucune de ces activités et ne court donc aucun risque : La Banque postale.
La faillite du système n'est donc pas à craindre ?
Les banques françaises sont fragilisées, certes, mais pas encore en danger. Cependant, une grosse incertitude demeure quant à la situation de l'Italie. Si la péninsule était en cessation de paiement, le danger serait réel. La crise a révélé que les établissements français sont les plus exposés aux dettes souveraines des États européens, et tout particulièrement à la dette italienne. La BNP détient 5 milliards d'euros d'emprunt d'État grecs, mais près de cinq fois plus sur l'Italie ! Même problème à la Société générale ou au Crédit agricole. L'énormité des volumes d'emprunts italiens détenus par les banques françaises mettrait en péril l'existence même de ces banques en cas de défaut de l'Italie. C'est alors que se poserait la question de retirer son argent. La crise italienne n'est pas une crainte virtuelle : c'est un profond doute.

CAC 40 - Les banques françaises en plein krach

CAC 40 - Les banques françaises en plein krach


L'accalmie a été de courte durée. La Bourse de Paris avait ouvert en hausse de 1,95 % mardi rebondissant après deux séances noires avant de replonger dans le rouge. À 10 h 45, le CAC 40 perd 2,18 % à 2 792,47. Comme lundi, l'indice parisien est plombé par les valeurs bancaires. Le titre du Crédit agricole est en recul de 1,97 %, celui de la Société générale chute de 4,17 %, celui de la BNP dévisse de 8,33 %.
Les autres marchés européens sont, comme le CAC 40, assez nerveux malgré la remontée de Wall Street la veille et des informations de presse évoquant un possible rachat d'obligations italiennes par la Chine. À la Bourse de Londres, l'indice Footsie-100 des principales valeurs cède à 10 h 45 0,77 % à 5 089,93. L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort s'est déprécié de 1,20 % à 5 011,41 points. La veille, en séance, le Dax était passé sous la barre des 5 000 points pour la première fois depuis plus de deux ans.
Plus tôt, en Asie, la Bourse de Tokyo a fini, mardi, sur un rebond de 0,95 %, après des couvertures de positions consécutives à la chute de la veille. L'indice Nikkei a pris 80,88 points à 8 616,55 et le Topix, plus large, a pris 8,56 points (+ 1,15 %) à 749,82. Les traders estiment toutefois que cette hausse risque d'être de courte durée en raison des inquiétudes sur la dette européenne et sur l'économie américaine. La veille, Wall Street avait clôturé en légère hausse : le Dow Jones a progressé de 0,63 % et le Nasdaq de 1,10 %.

Euthanasie - Bonnemaison reste en liberté sous contrôle judiciaire

Euthanasie - Bonnemaison reste en liberté sous contrôle judiciaire


L'urgentiste bayonnais Nicolas Bonnemaison, soupçonné d'avoir abrégé la vie d'au moins sept patients âgés, a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire mardi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Pau. Le contrôle judiciaire prévoit l'interdiction d'exercer la médecine, de prendre contact avec des membres de son ancien service et de résider dans les Pyrénées-Atlantiques. La décision prononcée mardi, après une audience tenue le mardi précédent, fait suite à l'appel interjeté par le parquet de Bayonne après le maintien en liberté du médecin, mis en examen pour "empoisonnements sur personnes particulièrement vulnérables". 
Une cinquantaine de sympathisants étaient venus le soutenir pour entendre cet arrêt. Le docteur Bonnemaison, recroquevillé sur sa chaise et étreignant la main de sa femme en attendant la cour, visiblement très ému, a seulement demandé à ce groupe de cesser d'applaudir lorsque le président de la chambre de l'instruction, Michel Treilles, a lu la décision. Mardi dernier, le docteur Bonnemaison avait laissé entendre qu'il avait agi en lien avec les familles, dont aucune n'a porté plainte contre lui. "Dans le cadre de la fin de vie, on vit des choses fortes avec les familles. Souvent, ça se fait dans un regard, une poignée de mains", avait-il expliqué.
Son cas a semé le trouble parmi ses pairs. L'Ordre des médecins des Pyrénées-Atlantiques a refusé de porter plainte contre lui, contre l'avis de son président, qui a démissionné. Le bureau du Conseil national de l'Ordre des médecins a indiqué qu'il porterait plainte contre l'urgentiste, estimant que celui-ci n'avait pas respecté les dispositions de la loi Leonetti sur la fin de vie et le Code de déontologie médicale. La plainte devrait être formellement entérinée mercredi au cours d'une réunion du Conseil national.

Robert Bourgi, l'homme de l'ombre

Robert Bourgi, l'homme de l'ombre


Il a gardé le silence pendant quarante ans. Mais en l'espace de trois jours, il a décidé de tout déballer. Depuis dimanche, Robert Bourgi, l'un des hommes les plus secrets de France, multiplie les accusations explosives contre Jacques Chirac, Dominique de Villepinet même Jean-Marie Le Pen, affirmant avoir joué les intermédiaires entre plusieurs chefs d'État africains et les principaux responsables de la classe politique française. Des millions d'euros auraient ainsi transité, de la main à la main, entre les deux continents, pour financer plusieurs campagnes électorales hexagonales. Pour les principaux intéressés, ces "allégations" sont de la diffamation pure et simple. Robert Bourgi confie d'ailleurs lui-même n'avoir "aucune preuve" de ce qu'il avance.
"C'est évident qu'il n'y a aucune preuve, mais c'est évident aussi que tout ce qu'il dit est vrai !" lâche un de ses proches. Comme tous ceux qui l'ont côtoyé, il raconte le parcours d'un homme de l'ombre, d'origine libanaise et né à Dakar au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Sa famille est "extraordinairement puissante" dans toute l'Afrique de l'Ouest. "Chez les Bourgi, on est intermédiaire de père en fils", racontent Stephen Smith et Antoine Glaser dans le deuxième tome de Ces messieurs Afrique (1). Le père de Robert Bourgi, Mahmoud, est l'un des principaux informateurs de Jacques Foccart, l'incontournable Monsieur Afrique du général de Gaulle à l'Élysée. Une "charge" transmise à la génération suivante. Après une thèse de doctorat à Paris sur "Le général de Gaulle et l'Afrique noire", Robert Bourgi devient professeur à Abidjan. Mais surtout, il prend progressivement la relève de son père et devient un "relais" entre les gaullistes français et plusieurs présidences sur le continent, comme le rappellent Smith et Glaser.
"Efficacité et discrétion"
Intronisé par Jacques Foccart lui-même, qui disparaît en 1997, il s'impose rapidement comme un pivot essentiel de la Françafrique. "Je travaille à la fois pour les présidents africains et pour le président français", a-t-il expliqué un jour. "C'est un conseiller des chefs d'État africains", rectifie un conseiller élyséen sous Chirac, qui ne cache pas son irritation envers Bourgi. Rien d'étonnant si Dominique de Villepin est la cible principale de Bourgi. Les deux hommes ne s'aiment pas. Comme le relatent Smith et Glaser dans Sarko en Afrique (2), l'ancien Premier ministre, diplomate de formation, est de ceux qui s'irritent du parasitage des réseaux diplomatiques français par ces "hommes de l'ombre".
Cela n'a pas empêché Robert Bourgi de tracer son sillon. Même Nicolas Sarkozy, qui avait juré d'en finir avec ces pratiques entre la France et ses ex-colonies, a pourtant réitéré sa confiance à l'avocat, lui réservant une place de choix, dans le carré "famille" lors de sa cérémonie d'investiture à l'Élysée, en juin 2007. Trois mois plus tard, Bourgi recevait des mains du président de la République les insignes de chevalier de la Légion d'honneur. "Je sais, cher Robert, pouvoir continuer à compter sur ta participation à la politique étrangère de la France, avec efficacité et discrétion", lui lançait alors le chef de l'État. Robert Bourgi ne s'est pas fait prier. En septembre 2009, il raconte lui-même que le président gabonais Omar Bongo l'avait personnellement chargé de demander au chef d'État la tête du secrétaire d'État à la coopération, Jean-Marie Bockel, coupable à ses yeux d'avoir exprimé sa volonté d'en finir avec la Françafrique.
"Il agit sur ordre"
Mais comment expliquer désormais un tel déballage de la part de quelqu'un qui, en mars 2008, affirmait au Point n'avoir "jamais transporté de valise" ? "Il agit sur ordre du premier cercle", comprendre l'entourage de Nicolas Sarkozy, jure l'ancien conseiller de la présidence. "Il s'agit de détourner les yeux sur la chiraquie alors que la sarkozie est bien plus mouillée", affirme ce chiraquien aujourd'hui retraité. "Il ne parle pas spontanément", estime un autre ancien du Château, qui ne voit pas Bourgi "suicider son fonds de commerce pour le plaisir". Plusieurs de ses amis disent le trouver "bizarre" depuis quelque temps. "Je suis un repenti, je bats ma coulpe", assure-t-il. Ceux qui le connaissent bien ont du mal à y croire.

Financements occultes - Les accusations de Bourgi contre Jean-Marie Le Pen

Financements occultes - Les accusations de Bourgi contre Jean-Marie Le Pen


L'avocat Robert Bourgi a continué à distiller ses accusations sur les bénéficiaires de l'argent noir de la "Françafrique" en y incluant lundi Jean-Marie Le Pen, provoquant une avalanche de réactions politiques et la curiosité du barreau de Paris sur ses activités. "Jean-Marie Le Pen a été reçu par le président Bongo et le président Bongo a financé la campagne électorale de M. Jean-Marie Le Pen en 1988", a affirmé Me Bourgi à BFMTV lundi soir, citant l'ex-président du Gabon. Le fondateur du Front national a aussitôt démenti des accusations "ridicules", "téléguidées" selon lui par Nicolas Sarkozy, avant d'annoncer qu'il porterait plainte en diffamation.
La veille, Me Bourgi avait "mouillé" un vieil adversaire de Jean-Marie Le Pen, l'ex-président de la République Jacques Chirac. Comme s'il suivait un plan média très étudié, Me Bourgi a évalué lundi matin sur une radio "à 20 millions de dollars ce que j'ai remis à Monsieur Chirac et Dominique de Villepin" son secrétaire général puis ministre entre 1997 et 2005. Il a toutefois admis n'avoir aucune preuve de ces accusations : "Dans ce domaine-là, il n'y a aucune trace", a-t-il concédé. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont annoncé dès dimanche qu'ils portaient plainte pour diffamation. Les accusations de Me Bourgi surviennent alors que Jacques Chirac est jugé en son absence dans l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, et que Dominique de Villepin attend la décision en appel de la justice dans l'affaire Clearstream.
Enquête déontologique
L'Ordre des avocats de Paris a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête déontologique "afin d'être exactement informé sur la réalité des missions que Robert Bourgi, avocat, déclare avoir accomplies". Lundi, Me Bourgi a mis en cause les prédécesseurs de Jacques Chirac, "Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand". Mitterrand a-t-il touché de l'argent des dirigeants africains ? "`À ma connaissance, non", a répondu son ex-Premier ministre, Laurent Fabius (1984-1986). Le Burkina Faso a qualifié de "grotesques" les accusations de ce conseiller officieux de la présidence française. En revanche un conseiller en France de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a évoqué des "pratiques historiques".
Alors que Me Bourgi s'emploie à exonérer Nicolas Sarkozy, qui lui a remis la Légion d'honneur en septembre 2007, de ces circuits d'argent occulte, l'ex-chiraquien Jean-François Probst accuse : "Bourgi s'est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d'État africains lors de la présidentielle de 2007." Un proche de Nicolas Sarkozy, qui prend ses distances avec Robert Bourgi, a assuré que cet avocat n'avait "jamais été conseiller officiel du président" et "traitait surtout avec Guéant plus qu'avec le président". Avant les accusations portées contre son père, la présidente du FN, Marine Le Pen, s'était étonnée que Robert Bourgi "ne parle pas de Nicolas Sarkozy, alors qu'il fait partie du premier cercle" des proches du président de la République. Eva Joly (EELV) a vu lundi dans les accusations "extrêmement vraisemblables" de Robert Bourgi contre Jacques Chirac et Dominique de Villepin un "contre-feu" à des dossiers dangereux pour Nicolas Sarkozy.
Objectif mystérieux
Autre question soulevée par la confession de l'avocat : pourquoi parler aujourd'hui après des décennies dans l'ombre ? Serait-ce, comme accuse Dominique de Villepin, pour torpiller sa future candidature ? Mais était-ce nécessaire pour barrer la route à ce candidat "qui n'a pas beaucoup d'espérance" ? s'est interrogé Patrick Devedjian. Robert Bourgi a sa propre explication : il a vu "trop de choses ignobles" et veut désormais "une France propre". Manuel Valls, candidat à la primaire socialiste, a souhaité une "commission parlementaire" sur "les relations très particulières" entre la France et des dirigeants africains, lançant : "ça pue". L'ONG Transparency International (TI) a demandé lundi que Robert Bourgi soit entendu "au plus vite".