google news

dimanche 17 juillet 2011

Denis Podalydès : "Sarkozy se forge une personnalité extrêmement cultivée"



Denis Podalydès : "Sarkozy se forge une personnalité extrêmement cultivée"
Denis Podalydès : Non. Les artistes ont le droit à une indépendance, à une liberté, à une certaine idiotie même. Ils font leur travail, ils jouent des pièces, écrivent des livres, peignent des tableaux, mettent en scène des artistes. On ne peut pas tout leur demander, il ne faut pas tout mélanger. C'est peut-être un peu prétentieux, ça fait un peu laissez-moi, je crée, je suis dans ma tour d'ivoire, mais il faut l'exprimer correctement, comme Beckett qui répondait à la question "pourquoi écrivez-vous ?" : "Bon qu'à ça." Je suis un citoyen engagé. Mais un acteur plutôt dégagé. 
Vous irez voter à la primaire du PS ?
Oui, j'irai voter. Mais mon choix n'est pas arrêté. J'ai des sympathies pour beaucoup. Je connais Manuel Valls depuis deux-trois ans, j'ai une grande sympathie pour lui, mais je pense que ce ne sera pas le candidat en 2012... Peut-être ultérieurement... Et puis j'ai souvent voté utile, mais je suis partagé sur la question. C'est un éternel débat que j'ai avec moi-même.
Sarkozy a l'image d'un homme peu cultivé. Vous qui l'avez incarné, est-ce votre avis ?
Nicolas Sarkozy a inventé cette droite décomplexée qui se foutait de la culture littéraire parce qu'il avait l'ambition d'en fonder une autre. Il s'est trompé là-dessus. Tellement que lui-même est en train de se forger une personnalité extrêmement cultivée... Je l'ai rencontré au mois d'avril, et lors d'un déjeuner plus récemment. J'ai été bluffé par son savoir. Il lit et il le fait réellement puisqu'il en parle très bien. Il parle de Proust, de Stendhal, de Dreyer, d'Hitchcock. C'est fini, la période Jean-Marie Bigard.
Et vous l'avez trouvé crédible ? 
Oui. J'ai été surpris par l'homme plein de charme et d'une très grande intelligence. C'est un tort de sous-estimer Sarkozy, intellectuellement et culturellement, parce que quelqu'un qui décide de se cultiver avec cette volonté-là, il faut le saluer, ce n'est pas à mettre à son débit. Sarkozy va être très fort, il ne faut pas l'enterrer trop vite. Il est sympathique, il vous fait un numéro de charme auquel il est difficile de résister. Il a plein d'humour, il est brillant, léger et transgressif. 
Au vu des qualités que vous lui attribuez, quel candidat PS est, selon vous, le plus à même de l'affronter ? 
C'est un vrai problème... Martine Aubry, peut-être, si elle arrive à être exigeante tout en faisant preuve d'un pragmatisme aussi fort que celui de Sarkozy... Mais avec une théorie solide ! Il faut quelqu'un qui soit capable d'être vivant à tout instant, réactif, drôle, avec du charme et une théorie de fond hypersolide, mais sans assommer les gens avec ça... Quelqu'un avec un surcroît de passion qui manque aujourd'hui. Il faut passionner le débat, faire tourner les têtes, enivrer la campagne électorale... Ce n'est pas évident. Je dis au candidat : "Bon courage !" 
Quel candidat PS à la primaire a l'envergure d'un héros de film ? 
Il faut quand même avoir un parcours. Sarkozy était passionnant parce qu'il y avait un parcours privé et public contradictoire. Là, au PS, je n'en vois pas... Ils sont jeunes. Ça ne veut pas dire que ça dévalorise les personnes... Mais je pense plutôt à François Mitterrand, François de Grossouvre, Jean Zay, des figures historiques... 
DSK ? 
Peut-être... Sur cette affaire, j'ai toujours gardé une réserve totale. Personne ne sait la vérité. Si ça se trouve, cette femme a menti intégralement, et quand on ne sait pas, on devrait absolument se taire. Ce que j'ai vu, c'est la folie médiatique, l'honneur d'un homme détruit avant preuve. Mais c'était marrant, cette extrême vanité, toute la planète qui tourne autour de cela, tout le monde qui tombe des nues, tout le monde qui lit le roman. Parfois, la littérature, ce n'est pas la peine de la lire puisque des romans s'édifient tous les jours, entre Internet et les différents journaux, télévisés, une parole écrite, une parole parlée, une parole imagée. Vous mettez tout ça en relation, vous pouvez tenir des journées entières. 
La politique a parfois des allures de comédie...
Oui, mais parfois dans le mauvais sens du terme. C'est une comédie répétitive et très, très lassante. C'est ça que j'aurai voulu montrer avec La Conquête. J'aurais voulu que cela devienne une série, car seule une série peut montrer la répétitivité stupide d'une campagne électorale. Mais je n'ai pas le temps. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire