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mercredi 14 septembre 2011

Scandale Mediator - Claude Griscelli : "Je n'ai eu aucun rôle dans ce rapport"

Scandale Mediator - Claude Griscelli : "Je n'ai eu aucun rôle dans ce rapport"


Nouveau rebondissement dans le dossier Mediator. Les laboratoires Servier seraient intervenus en juin pour qu'un rapport du Sénat sur le médicament minimise leur responsabilité. C'est ce que révèle mardi le Figaro.fr, qui cite des extraits d'écoutes téléphoniques versées au dossier d'instruction. Celles-ci reprennent une conversation entre le directeur opérationnel du groupe Servier, Jean-Philippe Seta, et Claude Griscelli, professeur de pédiatrie et de génétique qui fut directeur général de l'Institut national de la santé et de la recherhe médicale (Inserm) de 1996 à 2001, une semaine avant la remise du rapport sur le Mediator, dont la sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange est l'auteur. 
Présenté comme membre du Conseil d'État, Claude Griscelli aurait,selon le site qu quotidien, modifié plusieurs éléments du dossier afin d'accentuer les reproches contre l'Agence du médicament (Afssaps) et ainsi épargner au maximum son ami Jean-Philippe Seta. Dans un entretien exclusif accordé au Point.fr, Claude Griscelli revient sur ce fameux coup de téléphone passé au numéro deux du groupe Servier le 24 juin à 19 h 06. 
 Confirmez-vous les propos qui sont rapportés par le Figaro ?
Claude Griscelli : Il s'agit d'un problème d'interprétation. On pourrait croire à un conflit d'intérêt, or cela ne s'est pas du tout passé comme cela. Je connais à la fois Marie-Thérèse Hermange en raison de mon ancien poste de directeur général de l'Inserm, et Jean-Philippe Seta, qui est un vieux copain de vingt-cinq ans. C'est pour cela que l'on se tutoie. Mais j'aimerais d'abord rectifier une chose. On dit dans l'article (du Figaro, NDLR) que je suis conseiller d'État, or ce n'est pas du tout le cas. J'ai été jusqu'en 2004 membre du Conseil en service "extraordinaire". Mais je ne suis pas juriste, seulement professeur de médecine.
Quel a été votre rôle dans le rapport Servier ?
Je n'ai eu aucun rôle dans ce rapport. Connaissant mon côté scientifique, Marie-Thérèse Hermange m'a demandé un avis d'ordre scientifique sur le contenu du rapport qui était déjà totalement rédigé. J'ai vu dans cet énorme pavé des choses intéressantes, notamment sur les aspects épidémiologiques. J'en ai discuté avec elle, mais cela ne s'est pas traduit par une modification du rapport. 
Pourquoi vous demander votre avis alors que des experts ont déjà été chargés de rédiger le rapport, d'autant plus que vous étiez lié à Jean-Philippe Seta ?
Marie-Thérèse Hermange sait que j'ai une connaissance méthodologique sur ce qu'on appelle les études de grand nombre, mais elle ignore tout de mes liens avec Jean-Philippe Seta. J'ai su qu'il était, le pauvre, bien malheureux, et on peut le comprendre, même s'il a des responsabilités. Il a trois enfants, une famille. À l'heure qu'il est, il est terrassé. Je connais sa sensibilité, et je l'ai donc appelé pour lui remonter au mieux le moral. En lui disant le plus de choses possible qui puissent l'amener à trouver des raisons de s'accrocher. J'ai par exemple trouvé que dans le rapport, ils n'ont pas été extrêmement [il hésite]... mais je n'ai jamais lu le rapport. Je ne m'intéresse ni à l'obésité, ni aux diabètes, ni aux maladies cardiaques, que je ne connais pas. Je peux simplement donner un avis scientifique indépendant et libre et affirmer qu'il y a controverse.
Sur quoi ?
Madame Catherine Hill, épidémiologiste à l'institut Gustave-Roussy de Villejuif a par extrapolation, à partir d'un nombre de cas limité sur une durée de trente ans, conclu dans son étude que le Mediator a pu causer la mort de 500 à 2 000 personnes. J'ai trouvé que la fourchette était très large. On aurait dû mener une étude beaucoup plus approfondie, avec une imputabilité au cas par cas. Le professeur Jean Acar (ancien chef de service de cardiologie à l'hôpital Tenon) a d'ailleurs critiqué cela dans son rapport.
Mais vous affirmez tout de même, selon le Figaro, avoir "changé pas mal de choses" dans le rapport...
Ce sont des broutilles. Des mal-dits, des choses incompréhensibles dans ce rapport. Mais je ne l'ai pas lu, on a regardé, et effectivement c'était très mal dit. J'ai lu des petites bribes de ci de-là. J'ai dû lire quatre ou cinq pages sur les trois cents que compte le rapport, par petits bouts. J'ai proposé des modifications de style, mais rien d'important. Je n'ai aucun pouvoir de ce côté-là.
Vous expliquez aussi avoir accentué les reproches faits à l'Afssaps...
C'est autre chose. Ce n'est pas normal qu'il ait fallu attendre 30 ans, avant que la médecine en général, les autorités du médicament en particulier, et le laboratoire lui-même, se rendent compte des méfaits du médicament. C'est donc une responsabilité cumulée et donc partagée. C'est bien d'ailleurs pour cette raison qu'il y a eu beaucoup de modifications au niveau de l'Afssaps.

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